10 mars 2015 2 10 /03 /mars /2015 08:49

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Foin de spoiler : tout le monde sait que la nouvelle amie d’Ozon est un homme qui se déguise en femme et qui est joué par Romain Duris. De toute façon, le film n’est pas construit sur le suspense de ce travestissement mais sur les conséquences qu’il va induire pour le personnage et pour son entourage. La question qui intéresse Ozon n’est pas l’homme-femme mais le regard que famille, amis et société posent sur elle/lui.

Au départ, deux amies d’enfance, Claire et Laura. Elles se connaissent depuis la maternelle, grandissent ensemble, se marient. Puis Laura décède prématurément, laissant ses proches dévastés. Claire promet à David,
le copain veuf, de veiller sur lui et leur bébé. On se dit, ah ah, adultère en vue, Claire va prendre la place de Laura dans les bras de David en un geste d’amitié fusionnelle un peu pervers. Mais non : avec Ozon, les virages scénaristiques sont heureusement plus novateurs et retors. Claire découvre un jour par hasard que David s’habille en Laura et donne le biberon au bébé en étant à la fois le père et la mère disparue, selon un relecture moderne et transgenre du Laura d’Otto Preminger. En mutant ponctuellement en Laura, David effectue-t-il un geste d’amour absolu ? Accomplit-il un original travail de deuil ? Veut-il redonner à sa progéniture le sentiment d’une présence maternelle ? Ou le décès de Laura est-il l’occasion pour lui d’accomplir un fantasme plus ancien et profond ?

Alors que tourbillonnent toutes ces questions relatives à David, Ozon s’occupe aussi de Claire. D’abord, elle est choquée. Puis elle accepte progressivement que David s’habille en Laura. Claire évolue mais David aussi, et encore leur relation. David se sent tellement bien dans la peau d’une femme qu’il a envie d’y rester. Ou plus exactement, il reste sexuellement un homme mais du genre féminin : il ne change pas de sexe mais s’habille femme, se sent femme, marche femme et adopte un autre prénom, le très approprié Virginia. David devient Virginia avec une telle envie, une telle évidence, un tel plaisir communicatif, une telle absence de culpabilité ou de gêne que Claire en est troublée et séduite. Mais où se situe exactement le désir de Claire ? Est-elle en train de tomber amoureuse de David ? De Virginia ? Voire du fantôme de Laura ? Eprouve-t-elle un émoi adultère, lesbien, morbide ? A-t-elle en face d’elle un être réel, virtuel,
un fantasme, une image, une fiction, une projection ?

Ozon brasse tous ces questionnements, travestissements, hypothèses sexuelles, glissements d’identité, suspense sentimental, avec une virtuosité confondante. Toujours aussi fort en tout ce qui relève de la surface d’un film (précision des cadrages, netteté de la photo, limpidité du récit, fluidité du montage, décors et costumes stylisés…), Ozon injecte dans son univers ligne claire à la lisière du conte du trouble, du mystère, de l’épaisseur, de la chair et du sentiment. Il réussit ce qu’il n’atteint pas dans tous ses films : l’alliage de la comédie et du drame, du rose et du noir, de l’emballage et du contenu. Et sans agressivité ni lourdeur, il y ajoute une charge politique bienvenue en ces temps zemmouriens de rien. On allait oublier de le dire : Duris et Demoustier sont géniaux. A la fin, ils incarnent le vrai printemps français, celui de la liberté!

9 mars 2015 1 09 /03 /mars /2015 11:46

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Une DÉCEPTION !

Car enfin, le scénario est mince. La conclusion "morale" tranche outrageusement avec les images tristement répétitives de nos Chippendales

exposés à la convoitise des femmes, spectatrices déchaînées.

Sexe (simulacre), drogue, alcool, "petit argent facile", déchéance.

On est quand même dans le sordide "benêt".

Soderbergh nous démontre que ça ne suffit pas pour remplir une vie; on s'en doutait un peu.....

Malgré tout ça et le vide qui en découle, je me suis attaché aux personnages de Mike Channing Tatum) et Brooke (Cody Horn).

Pour le reste, si la forme, la faune et le milieu décrits, pique notre curiosité, le fond et ce qui restera du film sera mince comme un string......

9 mars 2015 1 09 /03 /mars /2015 11:33

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Hervé Kempf toujours aussi éloquant:

Article de Reporterre sur SIVENS !

6 mars 2015 5 06 /03 /mars /2015 09:55

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Des filles courent sur un terrain de sport. Casques de protection et genouillères, elles disputent un match de football américain sur fond de musique électro-pop. Pendant près de deux heures, Céline Sciamma suit le parcours d'adolescentes noires des quartiers sensibles. Si Bande de filles est si réussi, c'est qu'il transcende un sujet a priori social, voire sociologisant. S'emparer d'une réalité contemporaine peu représentée à l'écran tout en la stylisant, en restituer la complexité en la sublimant, voilà le tour de force de la réalisatrice.

Il suffit d'une scène pour entrer dans le vif du sujet : de retour du stade, la bande chahuteuse circule dans la cité et se disperse. Et les filles redeviennent vulnérables, soumises au regard prédateur des mecs... La guerre des sexes, le poids des communautés, les conflits de territoires : autant d'entraves dont devra s'affranchir Marieme, 16 ans, silhouette féline, nattes africaines, oeil de biche. En échec à l'école, elle s'occupe de ses petites soeurs en essayant d'éviter les coups de son frère aîné. Jusqu'à sa rencontre avec trois filles bien décidées à ne pas se laisser dicter de lois : des bagarreuses qui soignent leur style et cultivent une rage joyeuse. Qui refusent absolument les rôles qu'on leur assigne : être des « filles bien », épouses cloîtrées trimant comme leurs mères. Et qu'importe si elles se font traiter de putes.

La cinéaste ose un film physique. Elle valorise la beauté des corps, jeunes, souples, athlétiques, toujours en mouvement. D'une virée shopping au Forum des Halles aux bastons à ciel ouvert, d'une fête clandestine dans une chambre d'hôtel à une séance de hip-hop à la Défense, elle capte toute l'énergie frondeuse de ses héroïnes. Dans le défouloir secret d'une soirée entre filles, elle les filme aussi telles qu'elles se rêvent : en princesses pop et sexy, émouvantes reines du dance floor.

L'auteur de Naissance des pieuvres et de Tomboy continue de peindre l'adolescence, où s'inventent et s'enracinent les identités. Ainsi, la deuxième partie du film, qui se resserre sur Marieme, la montre passant d'un genre à l'autre en fonction de l'environnement : féminité agressive pour dealer dans les soirées de la capitale ou travestissement masculin, avec poitrine dissimulée et sweat à capuche, pour se faire accepter dans la cité. Fidèle à ses thèmes de prédilection, Sciamma l'est aussi à la banlieue. Ses deux précédents films s'ancraient déjà à la périphérie : le premier dans une ex-ville « nouvelle », le deuxième dans une cité résidentielle presque bucolique. Cette fois, dans une banlieue emblématique, avec ses barres d'immeubles, ses coursives, ses amphithéâtres de béton.

Comment tourner dans des paysages aussi marqués (en l'occurrence, Bobigny et Bagnolet) sans qu'ils vampirisent le regard ? La cinéaste filme ces jeunes filles comme des pionnières cherchant, seules et à la dure, à exister pleinement. Elle transforme aussi les lieux, ces tours ingrates qu'une nuit électrique rend méconnaissables, comme de curieux vaisseaux à l'architecture brute... Depuis L'Esquive, d'Abdellatif Kechiche, il y a dix ans, on attendait que le cinéma se réapproprie la banlieue avec autant de panache. C'est chose faite. — Mathilde Blottière Télérama

 

5 mars 2015 4 05 /03 /mars /2015 08:48

 

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Les boxtrolls (ou « trolls-en-boîte ») terrorisent Cheesebridge (ou« Pont-de-Fromage ») depuis toujours. Tapis dans les entrailles de la ville, ils attendent la nuit, et le couvre-feu, pour remonter à la surface et piquer des boulons, des roues, des ampoules, des brins de bidules et des bouts de trucs. Il n'y a, en fait, pas plus débonnaires (et pudiques : ils ne sortent jamais sans leur « slip » de carton) que ces gnomes bricoleurs, ces champions de la récup, victimes d'une très mauvaise et très injuste réputation. Le vrai « monstre », c'est Archibald Snatcher, qui a juré de les exterminer tous...

Adapté d'un conte pour enfants, ce film d'animation est une excellente surprise. Dans un décor soigné, à la mode victorienne, des rues tortueuses de la ville aux redingotes et aux calèches, l'aventure fourmille d'idées délicieuses, farfelues — l'antre écolo-steampunk des boxtrolls, entre autres. C'est aussi un tour de force technique, filmé tout en « stop motion » : un carnaval de marionnettes colorées, vives, touchantes ou bizarroïdes. Et en prime, derrière cette affaire de communauté persécutée, se cache aussi un petit plaidoyer antiraciste — en gros, on est tous le « monstre » de quelqu'un. On vous recommande, enfin, de vous attarder un peu pendant le générique de fin : les boxtrolls ont plus d'un tour dans leur boîte...



4 mars 2015 3 04 /03 /mars /2015 09:09

 

 

Barrage de Sivens, les pro-barrage sont dangereux
Dans la vallée de Sivens, les pro-barrage sont toujours plus violents. Après avoir bloqué et interdit l’accès plusieurs week-ends de suite, ils se mobilisent nuit et jour jusqu’au 5 mars quitte à affamer les occupants du site. Ils font pression sur les élus du CG qui se réunissent le 6 mars  espérant que ces derniers  opteront pour un barrage pourtant majoritairement contesté. Ils ont donné un premier assaut  samedi matin qui s’est soldé par de la violence.
Nous sommes très inquiets quant à leur capacité de nuisance physique, et la propagande qu’ils sont capables de faire circuler via leur syndicat agricole, quelques élus et et la presse locale. Nous en avons averti la préfecture.
Ici, depuis la Seconde guerre mondiale, nous refusons que les milices fassent la loi.

 

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https://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/2015/03/01/bouilles-hebdo-du-2-au-8-mars/

 

http://www.ladepeche.fr/article/2015/03/03/2059605-sivens-les-agriculteurs-pro-barrage-poursuivent-le-blocus-des-zadistes.html

26 février 2015 4 26 /02 /février /2015 21:46

 

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Deux énigmes pour une seule intrigue... D'un côté, une machine, justement baptisée Enigma : permettant d'envoyer des messages cryptés, elle fut l'arme de l'Allemagne nazie pour diriger ses opérations militaires. De l'autre, un homme, le mathématicien britannique Alan Turing (1912-1954). Engagé avec d'autres « cerveaux » pour briser le code des transmissions allemandes, il fut un héros de l'ombre au service de son pays, avant d'être lui-même brisé : condamné en 1952 pour homosexualité, contraint d'accepter une castration chimique pour échapper à la prison, il se suicidera.

Sur fond de tensions dramatiques face à l'avancée de l'armée allemande, la lutte contre Enigma se joue derrière les portes d'un hangar où Alan Turing construit son énorme appareil à décrypter les codes, ancêtre de l'ordinateur. C'est paradoxalement la partie la moins excitante d'Imitation Game : pas assez expliquée, la logique qui permet de trouver la clé des messages demeure vague et abstraite. C'est que le jeu annoncé par le titre désigne autre chose : un test mis au point par Turing pour différencier intelligence artificielle et intelligence humaine, hélas trop vite évoqué.

 

En revanche, une hypothèse passionnante s'affirme par touches successives, à travers le portrait d'un génie asocial, capable de dialoguer avec les mécanismes les plus complexes mais pas du tout conçu pour les relations humaines : l'homme qui vainquit une machine en était une lui-même. A cette vision, qui pourrait être glaçante, l'interprétation de Benedict Cumberbatch apporte, sans la contredire, beaucoup de nuances. L'acteur parvient à exprimer à la fois l'efficience presque robotisée de Turing et sa solitude, sa souffrance. Sa composition, qui lui vaut une nomination logique à l'oscar, semble éclairer le destin de cet être à part, jamais bien dans son époque : homme du futur, ouvrant la voie aux nouvelles technologies, sacrifié au nom de lois héritées d'un passé archaïque. En 2009, le Premier ministre Gordon Brown présenta des excuses au nom du gouvernement britannique pour la manière dont Alan Turing fut traité. En 2013, la reine lui exprima un pardon posthume. En 2015, c'est un grand acteur qui, en l'incarnant, lui rend hommage. — Frédéric Strauss Télérama

25 février 2015 3 25 /02 /février /2015 07:25

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23 février 2015 1 23 /02 /février /2015 18:53

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Arnaud Labrède, qui vient d'enterrer son père, se prépare à passer l'été en compagnie de son frère et de sa mère pour travailler dans l'entreprise familiale. C'est alors qu'il croise le chemin de Madeleine Beaulieu, jeune femme entière, au caractère souvent déconcertant. Arnaud est immédiatement séduit par Madeleine, convaincue que l'humanité va à sa perte, et bien décidée à organiser sa propre survie. C'est pour celà qu'elle s'est inscrite à un cours de préparation militaire. Et c'est par amour qu'Arnaud, bien moins préparé qu'elle, va la suivre...

 


23 février 2015 1 23 /02 /février /2015 18:52

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