11 février 2014 2 11 /02 /février /2014 21:38

9782012357068.jpg

 

Doria a quinze ans, un sens aigu de la vanne, une connaissance encyclopédique de la télé, et des rêves qui la réveillent. Elle vit seule avec sa mère dans une cité de Livry-Gargan, depuis que son père est parti un matin pour trouver au Maroc une femme plus jeune et plus féconde. Ça, chez Doria, ça s'appelle le mektoub, le destin : " Ça veut dire que, quoi que tu fasses, tu te feras couiller. " Alors autant ne pas trop penser à l'avenir et profiter du présent avec ceux qui l'aiment ou font semblant. Sa mère d'abord, femme de ménage dans un Formule 1 de Bagnolet et soleil dans sa vie. Son pote Hamoudi, un grand de la cité, qui l'a connue alors qu'elle était " haute comme une barrette de shit ". Mme Burlaud, sa psychologue, qui met des porte-jarretelles et sent le Parapoux. Les assistantes sociales de la mairie qui défilent chez elle, toujours parfaitement manucurées. Nabil le nul, qui lui donne des cours particuliers et en profite pour lui voler son premier baiser. Ou encore Aziz, l'épicier du Sidi Mohamed Market avec qui Doria essaie en vain de caser sa mère. Kife kife demain est d'abord une voix, celle d'une enfant des quartiers. Un roman plein de sève, d'humour et de vie.

4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 13:51

9782020257800_1_75.jpg

 

Dans un orphelinat situé au fin fond du Maine, Wilbur Larch, gynécologue excentrique, se livre à une double mission : mettre au monde des enfants non désirés, et futurs orphelins - " l'oeuvre de Dieu " -, interrompre illégalement des grossesses - " la part du Diable ". Mais entre lui et un orphelin réfractaire à quatre tentatives d'adoption, vont peu à peu se développer des sentiments qui ressemblent fort à ceux d'un père et d'un fils.

1 février 2014 6 01 /02 /février /2014 20:11

mauvais_genre_couverture.jpg1350_P14.jpg

 

Paul et Louise s’aiment et se marient peu avant que le service militaire puis la guerre ne les séparent. Pour échapper à l’enfer des tranchées, le jeune marié se mutile, puis déserte. Aidé par sa dulcinée, il se réfugie dans la chambre étriquée d’un hôtel miteux. Hanté par ce qu’il a vécu, ne supportant plus l’enfermement, il n’a qu’un désir : sortir. Mais le peloton d'exécution l’attend s’il est repris. C’est alors que germe l’idée qui va le sauver. Troquant le pantalon pour la jupe, Paul devient Suzanne.

Un dos nu, des poings sur les hanches, une tête inclinée vers le visage à l’œil brillant de celle qui, toute de rouge vêtue, entreprend, dans un enlacement fugace, d’agrafer un soutien-gorge. Pénétrant au cœur de l’intimité de deux êtres, la couverture donne immédiatement le ton du nouvel album de Chloé Cruchaudet (Groenland Manhattan, Ida). Amour, complicité et drame.



 

29 janvier 2014 3 29 /01 /janvier /2014 11:14

album-cover-large-20528.jpg

 

Une histoire d’amour chahutée, un chien qui louche et une mystérieuse République du Louvre composent une comédie alerte, intelligente et tout à fait réjouissante! Avec pertinence, Étienne Davodeau pose un regard impertinent sur l’Art et la gigantesque machine muséographique qu’est le Louvre.

28 janvier 2014 2 28 /01 /janvier /2014 18:20

74367857.jpg

 

Certains l'appellent la génération Y. Plus inspiré, tel un grand-père bienveillant, Michel Serres la nomme « Petite Poucette », parce qu'elle utilise ses pouces pour envoyer des SMS... Les représentants de cette génération mutante sont nés avec les nouvelles technologies - ils sont « digital natives » -, grosso modo entre 1981 et 1999 (1) . « Ils n'habitent plus le même espace » : « Par téléphone cellulaire, ils accèdent à toutes personnes ; par GPS, en tous lieux ; par la Toile, à tout le savoir : ils hantent donc un espace topologique de voisinages, alors que nous vivions dans un espace métrique, référé par les distances », analyse le philosophe dans Petite Poucette, son essai né d'un discours prononcé à l'Académie française en 2011. En académicien, Serres constate que, d'une édition à l'autre, leur dictionnaire compte un différentiel d'environ quatre mille mots ; il sera de trente-cinq mille d'ici à la prochaine... Chapeau bas devant « l'intelligence inventive » déployée par tous ces Petit Poucet face aux bouleversements du monde, à l'effondrement des anciennes hiérarchies. Loin de lorgner vers le passé, le penseur octogénaire sait, lui aussi, voyager au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau.

 

Le 21/04/2012 Juliette Cerf - Telerama n° 3249

28 janvier 2014 2 28 /01 /janvier /2014 11:05

Tome 6

couv57067512.jpg

 

92114591.jpg

16 janvier 2014 4 16 /01 /janvier /2014 16:26

527.jpg

 

Un récit dont le narrateur est un adolescent se superpose aux extraits d’un roman le concernant que sa mère est en train d’écrire. Cet enfant précoce souffre d’un handicap non nommé mais qui ressemble à une forme d’autisme… Une voix bouleversante.
Alban n’est pas un enfant comme les autres… Un événement de son enfance fixera pour son entourage le début d’un comportement singulier. À partir de ce jour, Alban ne pleurera plus, ne parlera plus. Plus tard, il écrira.
Par l’écriture déposée dans son ordinateur, il parvient en équilibriste à dompter ses démons intérieurs. Les mots sont pour lui vivants et doués de pouvoirs ; ils peuplent son silence.
Charpente de ce récit, le “ journal ” d’Alban enchâsse les écrits de sa mère découverts par hasard dans un tiroir et recopiés en cachette.
Marie-Hélène Bahain donne une si juste voix à cet enfant que le lecteur s’en trouve sollicité dans sa propre relation au monde et au langage.

16 janvier 2014 4 16 /01 /janvier /2014 16:13

   

 Débordés par l'arrivée d'un nouveau-né, des parents con­fient pour quelques mois une de leurs filles à ses oncle et tante, les Kinsella. La gamine désorientée découvre les joies minuscules du confort et de l'affection. Auprès des Kinsella, la jeune narratrice grandit, s'épanouit, mais comprend par quelques détails intrigants qu'il s'est passé quelque chose, autrefois, brisant la vie de ces deux personnes trop lisses. La description d'un geste tendre ou d'une promenade au bord de l'océan, l'achat d'un nouveau vêtement ou d'une poignée de bonbons sont autant de pistes suggérées : la perte d'un enfant, le désir de maternité avec, en permanence, une chape de silence qui empêche de nommer les sentiments mais permet d'enfouir les secrets.


Christine Ferniot - Telerama

10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 14:20

“Je vais te faire embaucher au Betrieb. La couture, c’est mieux pour toi. Le rythme est soutenu mais tu es assise. D’accord ?
– Je ne sais pas.
– Si tu dis oui c’est notre enfant. Le tien et le mien. Et je te laisserai pas.
Mila se retourne :
– Pourquoi tu fais ça ? Qu’est-ce que tu veux ?
– La même chose que toi. Une raison de vivre.”
 
En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Dans cet effroyable présent une jeune femme survit, elle donne la vie, la perpétue malgré tout.
Un roman virtuose écrit dans un présent permanent, quand l’Histoire n’a pas encore eu lieu, et qui rend compte du poids de l’ignorance dans nos trajectoires individuelles.
Kinderzimmer-de-Valentine-Goby-Actes-Sud_visuel_article2.jpg

«D’abord, il y eut cette rencontre, un jour de mars 2010 : un homme de soixante-cinq ans se tient là, devant moi, et se présente comme déporté politique à Ravensbrück. Outre que c’est un homme, et à l’époque j’ignorais l’existence d’un tout petit camp d’hommes non loin du Lager des femmes, il n’a surtout pas l’âge d’un déporté. La réponse est évidente : il y est né. La chambre des enfants, la Kinderzimmer, semble une anomalie spectaculaire dans le camp de femmes de Ravensbrück, qui fut un lieu de destruction, d’avilissement, de mort. Des bébés sont donc nés à Ravensbrück, et quoique leur existence y ait été éphémère, ils y ont, à leur échelle, grandi. J’en ai rencontré deux qui sont sortis vivants de Ravensbrück, ils sont si peu nombreux, et puis une mère, aussi. Et la puéricultrice, une Française, qui avait dix-sept ans alors. C’était un point de lumière dans les ténèbres, où la vie s’épuisait à son tour, le plus souvent, mais résistait un temps à sa façon, et se perpétuait : on y croyait, on croyait que c’était possible. Cette pouponnière affirmait radicalement que survivre, ce serait abolir la frontière entre le dedans et le dehors du camp. Envisager le camp comme un lieu de la vie ordinaire, être aveugle aux barbelés. Et donc, se laver, se coiffer, continuer à apprendre, à rire, à chanter, à se nourrir et même, à mettre au monde, à élever des enfants ; à faire comme si. J’ai écrit ce roman pour cela, dire ce courage fou à regarder le camp non comme un territoire hors du monde, mais comme une partie de lui. Ces femmes n’étaient pas toutes des héroïnes, des militantes chevronnées, aguerries par la politique et la Résistance. Leur héroïsme, je le vois dans l’accomplissement des gestes minuscules du quotidien dans le camp, et dans ce soin donné aux plus fragiles, les nourrissons, pour qu’ils fassent eux aussi leur travail d’humain, qui est de ne pas mourir avant la mort. Mila, mon personnage fictif, est l’une de ces femmes. Kinderzimmer est un roman grave, mais un roman de la lumière.»

V.G.

3 décembre 2013 2 03 /12 /décembre /2013 20:36

51QHDJG2VHL__.jpg

Dans la Barcelone de l'après-guerre civile, " ville des prodiges " marquée par la défaite, la vie difficile, les haines qui rôdent toujours. Par un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon - Daniel Sempere, le narrateur - dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L'enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est ainsi convié par son père, modeste boutiquier de livres d'occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y " adopter " un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l'entraîner dans un labyrinthe d'aventures et de secrets " enterrés dans l'âme de la ville " : L'Ombre du vent. Avec ce tableau historique, roman d'apprentissage évoquant les émois de l'adolescence, récit fantastique dans la pure tradition du Fantôme de l'Opéra ou du Maître et Marguerite, énigme où les mystères s'emboîtent comme des poupées russes, Carlos Ruiz Zafon mêle inextricablement la littérature et la vie.