30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 21:17

"Pour son premier long-métrage, autobiographique jusqu'au bout du filtre des milliers de cigarettes fumées, Sophie Letourneur a réalisé un énorme travail sur le son. Résultat : dans La vie au ranch, la moitié des répliques est inaudible, ne reste qu'un bruit de fond, fait de conversations, de piaillements devrait-on dire, où on essaie, tant bien que mal, de capter des phrases entières. Mais comme tout le monde parle en même temps, c'est mission impossible.

Le ranch est un appartement/poulailler où s'ébattent une petite dizaines de filles, occasionnellement accompagnées de quelques garçons. Ca picole pas mal, ça fume comme des pyromanes, ça téléphone dans tous les sens, ça se réveille à pas d'heures, bref c'est la cacophonie. Le tout semble improvisé, naturaliste et existentialiste. De quoi ça cause ? De trucs de filles de 20 ans, de mecs, principalement. Pourquoi pas, quoique à la longue, c'est lassant.

Allez, c'est le genre de film dont on a envie se débarrasser d'un revers de main. Ce serait un peu trop facile. Il y a quelque chose dans cette vie de groupe, dans ce magma destroy, qui ressemble à de l'énergie brute. La sensation aussi que de cette bouillie brouillonne va sortir quelque chose, sans savoir précisément quoi.

Les dernières scènes, auvergnates et berlinoises, confirment, une fois le calme revenu, que la réalisatrice avait un truc ou deux à dire sur le passage entre l'adolescence et la vie adulte. Rien de révolutionnaire, mais une captation singulière de l'air du temps, mise en scène de façon très personnelle, qui déroute trop pour vraiment s'attirer la sympathie.

Difficile de dire, au sortir de La vie du ranch, si Sophie Letourneur est une cinéaste à suivre. De loin peut-être, une bonne surprise de sa part, dans le futur, n'est pas à proscrire. "

 

Traversay Téléramaimg_poster_large103911_la-vie-au-ranch.jpg

30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 16:14

c'est rare un film d'amitié, et un film d'amitié entre homme encore plus....

c'est simple, c'est touchant... à voir!19528632.jpg

22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 16:26

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Dans cette comédie policière, le plus attirant a priori n'est pas le plus réussi : la reproduction, en miniature, du destin de Marilyn dans un village perdu de Franche-Comté. Qu'une miss météo locale s'identifie à Monroe au point de suivre sa trajectoire, amours et mort mystérieuse comprises, est un beau programme dont le respect à la lettre se révèle fastidieux : après le simili-Joe DiMaggio, le néo-Arthur Miller, puis l'ersatz de JFK... Sophie Quinton, en starlette peroxydée, s'en tire pourtant avec les honneurs, charmante en toute modestie.

Si l'exécution patine, l'idée reste ­séduisante et, surtout, elle se décline : chaque personnage se projette en un modèle américain. La fausse blonde, donc, retrouvée morte au début du film. Mais aussi l'écrivain de polars (Jean-Paul Rouve) en quête d'inspiration, qui reconstitue la vie de la défunte et se la joue James Ellroy. Et le jeune flic, obsédé par le FBI, qui aide l'écrivain - Guillaume Gouix, martial et doux, révélation du film.

Ce fantasme d'Amérique, Gérald Hustache-Mathieu (dont c'est le deuxième long métrage, après Avril) l'assume lui-même avec humour. Il se prend malicieusement pour les frères Coen (dans la neige de Fargo), voire pour Otto Preminger - en esquissant une histoire d'amour virtuelle entre l'enquêteur et la disparue, comme dans Laura. Midinette juste ce qu'il faut, il adresse à Gus Van Sant des clins d'oeil de fan transi : le visage gelé de la miss météo rappelle celui de Nicole Kidman, sous la glace, dans Prête à tout ; un ado en tee-shirt jaune, impression taureau, sort tout droit d'Elephant... Mais entre deux citations, le réalisateur manifeste aussi son talent pour inscrire les personnages dans des décors de no man's land. Et pour les à-côtés de l'intrigue. La confusion des sentiments, quasi subliminale, entre l'écrivain et le flic, est typique de ces faux détails qui font les vraies bonnes séries B.


Louis Guichard Télérama

11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 20:48

...de la guerre, sa bêtise à travers un viseur! un huit clos violent et oppressant ..!affiche-lebanon jpg 500x630 q95

En 1982, quand la guerre éclate, Samuel Maoz a 20 ans. Mobilisé comme artilleur dans les divisions blindées, il se transforme en « machine à tuer ». Du Liban, l'Israélien est revenu hanté. Un mal que ce premier film, Lion d'or à Venise, tente d'exorciser.

L'ex-soldat de Tsahal y montre sa guerre, telle qu'il l'a vécue, à travers le viseur de son char et avec pour seul décor l'habitacle du tank, effroyable caisse de résonance des tirs alentour. Des combats, nous ne verrons jamais que ce que le tireur perçoit : un kaléidoscope de flashs traumatisants. Un paysan déchiqueté, un âne éventré, une tête d'homme ensanglantée. Dans la rétine des soldats et des spectateurs, ces fragments d'horreur s'incrustent comme des éclats d'obus.

Nous privant d'une perception générale, la mise en scène impose une narration originale : aucune intrigue mais une tension permanente. Toute logique militaire est exclue, seule compte l'avancée du blindé. Ce dispositif rend plus frappante l'absurdité d'une guerre dont les jeunes appelés n'auront jamais qu'une vision parcellaire, comme Fabrice à Waterloo. Lebanon est un antifilm de guerre, sans autre ressort dramatique que le réflexe animal de survie.

Au risque de la complaisance, le cinéaste ne craint pas de filmer le pire. Voir ce plan fixe, terriblement cru, capturant le regard de bête traquée d'une femme dont l'armée israélienne a massacré la famille. A l'instar de son compatriote Ari Folman (Valse avec Bachir), Maoz réussit à incarner ses cauchemars pour les affronter, enfin.

Mathilde Blottière Télérama

8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 15:04
d'un manga en film et non en animation ça change et c'est réussi!
 
Quartier-Lointain-le-film-de-Sam-Garbarski.jpgSYNOPSIS

Thomas, la cinquantaine, père de famille, arrive par hasard dans la ville de son enfance. Pris d'un malaise, il se réveille quarante ans plus tôt, dans son corps d'adolescent. Projeté dans le passé, il va non seulement revivre son premier amour, mais aussi chercher à comprendre les raisons du mystérieux départ de son père. Mais peut-on modifier son passé en le revivant ?

8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 14:43

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C'est une machine taillée pour les Oscars, avec une recette qui a fait ses preuves. Premier ingrédient : le grand et noble sujet. D'autant plus noble qu'il s'agit, ici, du roi d'Angleterre George VI (le père d'Elisabeth) et, plus précisément, de son combat édifiant pour vaincre le bégaiement. Deuxième ingrédient : des décors et des costumes rutilants. Il ne manque pas une tapisserie aux salons d'apparat de Buckingham Palace, pas un brandebourg à l'uniforme du monarque. Au point que la reconstitution des années 1930 devient un corset trop serré pour la mise en scène platement illustrative de Tom ­Hooper. Troisième ingrédient, peut-être le plus important : un premier rôle propice à la performance d'acteur. Simuler un handicap, ça marche presque à tous les coups. Colin Firth (déjà récompensé aux récents Golden Globes) est, de fait, bluffant. Il parvient à restituer la gêne physique du bégayeur sans jamais le ridiculiser.

L'ensemble est loin d'être désagréable. Les affrontements à fleurets de moins en moins mouchetés entre le souverain et son orthophoniste très particulier (Geoffrey Rush, irrésistible de malice quand il houspille son auguste patient) donnent les meilleures scènes, les plus satiriques. Mais à trop se focaliser sur les efforts acharnés du roi pour retrouver une élocution normale, le réalisateur néglige son thème le plus intéressant : l'emprise de la communication moderne sur la politique - à l'âge des médias de masse, un dirigeant qui ne sait pas parler ne peut pas gouverner. Plus gênant, il peine sur la scène clé du film, le fameux « discours » d'appel à la résistance contre le nazisme que George VI parvint à prononcer (presque) sans trébucher, au micro de la BBC, en septembre 1940. Une seule chose devrait compter à ce moment crucial, la voix hésitante, puis libérée, du roi. Mais cette voix, on l'entend de plus en plus mal : Tom Hooper la noie sous la grande musique...

Samuel Douhaire Télérama

2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 10:53

réussie mais avec tellement de différence avec le livre que je suis malgré tout un peu déçue

(choix des perso, de couper certaines scènes, ....)...

à voir tout même que l'on ai lu le livre ou pas!

 

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Genre : crapuleux.

Le best-seller de Stieg Larsson, grâce à sa pure mécanique de scénario et à ses scènes parfaitement découpées, réclamait le cinéma. C'est chose faite avec cette adaptation du premier tome, Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes, la meilleure des trois. Dans cette énigme sur la disparition d'une jeune fille, Michael Blomqvist, journaliste d'investigation vedette, profite de la science non autorisée d'une associée atypique : Lisbeth Salander, hackeuse rachitique au look gothique, véritable nouveauté dans l'univers du polar. Noomi Rapace correspond bien à cette amazone de l'ère 2.0.

Télérama

1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 15:45

Quelle magnifique expérience ces 40 là ont ils dû vivre.....!

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C'est en 1978 que Pina Bausch (1940-2009), directrice du Tanztheater de Wuppertal, compose pour sa compagnie une pièce de presque trois heures, Kontakthof. Ce qui veut dire, en allemand, « lieu de rencontre » et, par extension, « maison de passe ». A l'intérieur d'une salle de bal, quatorze femmes et quatorze hommes, elles en robe de cocktail, eux en costume de ville, se cherchent, se fuient, se déchirent. Dans ce ballet de désir et de guerre, la naïveté le dispute à l'égoïsme, la peur à la sauvagerie. C'est l'instant décisif de la rencontre. De la danse-réalité avant l'heure. L'univers de la chorégraphe est en place. Le choc esthétique, énorme.

En 2000, Pina Bausch reprend la pièce avec des danseurs amateurs de 65 ans et plus : Kontakthof trouve une seconde jeunesse. Une légende est née. Et, en 2008, des adolescents allemands, dont la plupart n'ont jamais entendu le nom de Pina Bausch, remontent le spectacle, un an avant la mort de la chorégraphe. En se tenant au plus près du corps et des pensées de ces très jeunes gens, les deux réalisateurs de ce documentaire adoptent une position idéale, à la fois distante et bienveillante. On voit, bien sûr, les affres du casting, les habituelles séances de travail. On sent la difficulté pour ces jeunes danseurs d'aujourd'hui d'entrer dans l'univers de la grande artiste. Mais, par-­dessus tout, on est le témoin d'un singulier renversement. En effet, si Kontakthof semblait, à sa création - et dans sa première reprise par des seniors -, inspiré par la violence des rapports humains, il apparaît cette fois porteur d'une ­vision du monde infiniment plus douce.

Télérama

14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 21:08

enfin une comédie pertinente, drôle et touchante....!

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Bahia Benmahmoud, jeune femme ô combien extravertie, revendique haut et fort ses racines algériennes. Elle est de gauche (euphémisme) et combat ses ennemis politiques à sa manière... Arthur Martin (« comme celui des cuisines »), ­virologue et adepte du principe de précaution, a un nom franchouillard et des origines juives savamment occultées. Quand cette furie débarque dans la vie de ce discret jospiniste, c'est un coup de vent, une déflagration, une révolution...

 

Voilà un film qui va faire du bien à la gauche. Pas à la gauche tiède et consensuelle, celle qui flirte avec le capitalisme, mais la pure, la dure, celle qui considère, comme Bahia, incarnée avec un punch irrésistible par Sara Forestier, que « tous les mecs de droite sont des fachos » ! L'entendre expliquer comment elle les convertit (« Je les nique ! ») est l'un des moments les plus drôles de cette comédie politico-romantique, réjouissant remède au cynisme, au désengagement et à l'individualisme. On a envie, comme Arthur (Jacques Gamblin, parfait entre humour et émotion), d'embrasser Bahia lorsqu'elle refuse énergiquement que le métro démarre en laissant sur le quai un couple de petits vieux trop lents. Avec un certain Lionel J. en surprenante guest star, le film remet, aussi, du baume au coeur à tous les électeurs qui ont pleuré un certain soir d'avril 2002...

 

D'où viennent les noms, les secrets, les votes des gens ? De leurs parents, souvent, et on aime tendrement ceux de Bahia et d'Arthur. La mère de Bahia (Carole Franck, impayable pasionaria) est une Française qui vomit ses racines bourgeoises. Son père, un immigré algérien, tait son passé sanglant et s'oublie en rendant service aux autres. La mère d'Arthur, elle, a passé sa vie à occulter la déportation de ses parents et ne se remettra pas qu'une employée de la mairie lui hurle « Est-ce que vous êtes bien française, madame Martin ? », au moment de refaire ses papiers d'identité : comme Arthur, on a envie de gifler cette fonctionnaire trop zélée...

Cette comédie parvient donc à rendre émouvantes des questions cruciales sur l'identité, la mémoire, le silence des martyrs et l'héritage des enfants. Engagez-vous avec ardeur, gaieté et mauvaise foi s'il le faut : telle est la morale de ce film revigorant. Tout sauf la tiédeur...

Guillemette Odicino  Télérama

14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 07:26

 c'est parfois drôle, parfois dérangeant.... 

un bon moment  une chouette bande son!

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Une autre histoire de passion britannique, a priori moins défendable que celle de Bright Star... En 1961, dans la banlieue de Londres, Jenny, 16 ans, rencontre David, un peu plus du double de son âge. Elle est une écolière presque comme les autres, que la lecture assidue des existentialistes et l'écoute répétée des chansons de Juliette Gréco ont juste rendue un peu plus délurée que les autres... Il traficote dans l'immobilier, achète de l'art dans les ventes aux enchères, connaît les clubs de jazz chic du West End et y emmène sa protégée, émerveillée. Jenny n'est pas une oie blanche : elle sait ce qui l'attend, bien décidée à ne coucher que le jour de ses 17 ans. Mais elle découvre aussi que la vie ne se limite pas à l'éteignoir familial et à la connaissance théorique de la passion telle qu'elle est dépiautée dans les manuels de littérature.

 

Déclinaison anglaise de Lolita ? Détournement de mineure ? Pas tout à fait. Lone Scherfig, cinéaste danoise (Italian for beginners) filmant un script impeccable du romancier british Nick Hornby, lui-même tiré d'une histoire vraie, ne fait pas de morale, évite le libidineux. Au contraire, tout est subtil : Peter Sarsgaard joue avec finesse un trentenaire émerveillé de ce qui lui arrive ; tandis que la jeune Carey Mulligan (une inconnue qui ne le restera pas longtemps), bien servie par des dialogues pleins d'esprit, se transforme, à vue d'oeil, d'ado soumise en clone d'Audrey Hepburn. La réalisatrice traque sur le joli visage de l'actrice cette métamorphose saisissante.

 

Une éducation ne montre pas la relation hors norme des deux personnages comme un objet de scandale. C'est davantage un pacte pour échapper aux conventions et aux pesanteurs d'une Angleterre que la révolution pop - le Swinging London - n'a pas encore dynamitée. Une aventure commune, effrayante et exaltante, qui ne s'achèvera pas sans dommages. Le titre suggère, pourtant, qui des deux y aura le plus gagné...


Aurélien Ferenczi Télérama